ANSACQ, ANSACQ (ANSACUM, ANSACCUM), ENSAC
La majorité des noms de communes résulte du nom des premiers défricheurs auquel a été rajouté un suffixe :
-acq dérive de -acos (gaulois) puis -acus (latin) qui exprime la propriété, "domaine de ..."
L'histoire de ce village remonte à la plus haute antiquité puisque les vestiges (actuellement disparus) attesteraient que les Romains durent s'y arrêter. On dit même que ce fut le lieu de combat contre les Bellovaques menés par Corréus.
Au IX éme
siècle, les Normands vinrent la détruire en même temps qu'Angy, Mérard, Bury et
Balagny. Il y a lieu de croire aussi que ce village put renaître de ses cendres, c'est à
dire qu'il a pu être reconstruit après l'uvre destructrice des Normands, sur son
emplacement primitif.
Adolphe Pillion, l'un des habitants du Val, était un enfant de la localité. Celui-ci
était propriétaire d'un corps d'immeubles dans lequel il a trouvé, en cultivant son
terrain, d'anciennes constructions, au lieu dit le Val, et cinq bières en pierre dure. Il
en a extrait un vase en terre noire, des ossements humains, une armure où pendait encore
un ceinturon avec une boucle en cuivre et une pièce de monnaie ou médaille dont il n'a
jamais connu l'origine ni les inscriptions qui se trouvaient sur les deux faces de ladite
pièce, parce qu'il l'a remise immédiatement, avec l'armure et son ceinturon, à M.
Ledicte Duflot, alors président du tribunal de Clermont. Cet Adolphe Pillion, fils de feu
Claude, croit que son terrain était originairement le cimetière du village et que
l'église s'y trouvait également.
Cette église est
située sur un point tellement élevé qu'on y arrive par son portail qu'après avoir
gravi les vingt marches d'un escalier placé au milieu déjà élevé de la grande rue
d'Ansacq.
Cette église a la forme d'une croix, la nef est élevée et obscure, parce qu'elle n'est
éclairée que par trois petites croisées étroites et arrondies.
L'église est du XII éme et XIII éme siècle avec un chur
plus haut que la nef. La nef est la partie la plus ancienne, une travée y a été
ajoutée au XV éme. Le Chur est de l'époque de transition avec des
fenêtres hautes, étroites, arrondies et entourées d'un cordon, celle du maître
autel
est une ogive tertiaire.
Le
portail est également de l'époque de transition, à colonnettes à zigzags. Sous le
vocable de Saint Lucien, la cure d'Ansacq était à la nomination du chapitre de la
cathédrale de Beauvais, depuis avril jusqu'à novembre, et à celle des chanoines de
Saint Barthélemy pendant les quatre autres mois de l'année. Elle avait été donnée en
1037, à la collégiale de Saint Barthélemy, par Hilon, chapelain de Beauvais son
fondateur.
Le premier prêtre semble être l'abbé Baudart qui mourut le 28 mars 1627 ( voir la
plaque se trouvant à gauche du portail d'entrée de l'église). Au curé Baudart aurait
succédé l'abbé Trévillet, de Ptoncourt. L'abbé Mignot Jacques serait arrivé à
Ansacq en l'année 1725 et l'abbé Denisart serait arrivé dans cette commune en 1785.
Il est démontré que ce dernier traversa les années les plus dangereuses de 1792 à
1795, sans inquiétude et sans danger, en acceptant les fonctions de maire, qu'il sut
remplir avec dignité, tout en continuant ses fonctions sacerdotales. Remplacé dans ses
fonctions municipales en l'année 1794, il continua à desservir ses paroissiens jusqu'au
18 mars 1818, époque de son décès, et fut inhumé sous le porche de son église.
Ansacq appartenait au
Marquisat de Mouy comprenant les seigneuries de Mouy, Angy, une partie de Bury, Cambronne,
Ansacq et le Plessier-Bilbaut.
Les investigations ont permis de remonter à 1480. A cette date la seigneurie appartenait
à Laurent Herbelot.
La fille de ce dernier l'apporta en dot en 1510 (sous Louis XII) à Pierre Popillon,
Chevalier du Bourbonnais, secrétaire du Duc Charles de Bourbon (1490-1527)
devenu Connétable de France en 1514, puis du Roi François 1er.
Lorsque le Connétable Charles de Bourbon fut arrêté, Pierre Popillon subit le même
sort, fut interrogé à Blois et enfermé à la Bastille où il mourut en 1524.
La Seigneurie échut à son héritier Claude Popillon qui la vendit à messire Antoine
Guyot de Charmaux, Président de la Chambre des Comptes.
A la mort de Me Guyot des Charmaux, ce marquisat échut à sa fille et héritière,
Marguerite qui, veuve en premières noces de Bernard Pottier, Seigneur de Silly,
Président du Parlement de Bretagne, épousa en 1615 Henry du Plessis, Seigneur de
Richelieu, auquel elle fit donation d'Ansacq par son contrat de mariage. Henry du Plessis
Richelieu, frère aîné du Cardinal, mourut vers 1619.
Le fils unique, né de son union avec Marguerite Guyot, qui l'avait précédé ou suivi de très près dans la tombe, étant décédé en bas âge, le Cardinal de Richelieu, tant de son chef que par transaction avec les héritiers de son neveu dans la ligne maternelle, devint possesseur des Seigneuries d'Ansacq, Cambronne et du Plessier-Bilbaut dont il rendit hommage au Comte de Clermont le 12 juin 1623.
Portrait du cardinal de Richelieu
par Ph. De Champaigne
(Paris, musée du Louvre)
Trois ans après, le 16 décembre 1626, il achetait la terre de Mouy, puis il donna à sa nièce Claire Clémence, fille du Maréchal Maille-Brézé, toutes ses terres en la mariant à Louis de Bourbon, Prince de Condé (Le Grand Condé, vainqueur de la bataille de Rocroi) (1621-1686). Celui-ci céda le Comté de Mouy à son frère Arnaud (1629-1666), Prince de Conti le 25 mars 1651.
Le Grand Condé
par David Téniers le jeune
(Chantilly, musée Condé)
L'arrière petit fils de
ce Prince , Louis François Joseph de Bourbon Prince de Conti (1734-1814),
dernier Prince de la Maison de Conti, vendit alors le Comté de Mouy à Monsieur, frère
du Roi, Comte de Provence devenu Louis XVIII par la suite.
En 1789, le Comté de Mouy appartenait encore au Comte de Provence. La Révolution
confisqua les biens au Comte de Provence.
Louis XVIII
Par Gérard
(Château de Versailles)
Le Domaine, transformé en ferme, devint la propriété des Ducs de Mouchy jusqu'en 1848. Depuis plusieurs propriétaires s'y sont succédés.
A la sortie du village, vers Mérard, subsistent encore les vestiges du château-fort d'Ansacq, datant du IX éme siècle. Commandé par un lieutenant qui dépendait du capitaine de Mouy, il fut démoli par l'invasion des Normands.
Les douves du Château étaient alimentées par le Rû, petit cours d'eau qui traverse Ansacq. L'entrée comprenait un bâtiment auquel on accédait par un pont-levis. Dans la muraille on observe encore les entailles où viennent s'encastrer les montants du pont-levis lorsqu'on le relevait.
Sous cette première partie du château se trouvent encore les casemates (abris enterrés pour se protéger des bombes).
A chaque extrémité du vieux château les restes de deux tours peu élevées subsistent.
Le château fort renaissance daterait du XV éme. Il est entouré de fossés alimentés par le Rû d'Ansacq qui forme à la suite un beau plan d'eau. Les fortifications en partie détruites par les guerres de religion, ne sont plus représentées que par les bâtiments de la ferme
Le Cardinal de Mazarin paraît être venu se retirer dans ce château pendant la Fronde sous la minorité de Louis XIV dans les années 1651 et 1652.
Portrait du cardinal de Mazarin
(Chantilly, musée Condé)
Après la confiscation des biens du Comte de Provence (futur Louis XVIII) à la Révolution, le domaine devint la propriété:
Madame Gruet a beaucoup investi pour l'entretien de ce château. Les travaux effectués par des entreprises hautement qualifiées, avec le plus grand respect des vestiges, ont redonné un cachet à cette propriété privée qui fait l'admiration de tous.
Le mot Plessis (ou
Plessier) est un mot apparenté à Palis ou Palissade, il signifie "rangée de
pieux" (dérivé de Pal, ancienne forme du mot pieu, du latin Palus).
Plessis ou plessier désignait une sorte de parc fermé de pieux.
Une altération picarde serait Ply ou Plouy.
Il s'était constitué là, vers 1234, une ferme dépendant de l'Abbaye de Froidmont, mais
à côté de la ferme existait un véritable hameau au bord de la forêt de Hez dans
lequel au XIII éme siècle, on dénombrait plusieurs seigneuries.
La principale appartenait à Mathieu de Trie
(Charte de Jeanne de Boulogne). En novembre 1251, Jeanne, fille de Philippe, comte de
Boulogne et de Clermont, lui avait confirmé le droit d'usage dans la forêt de Hez
"pour sa maison du Plessis".
Son fils, Jean de Trie surnommé Billebaut, lui succéda, donna son nom à cette partie du
village et en septembre 1265 vendit ses terres, 9 mines (La mine de Clermont : 60
verges = 25,75 ares) de terre arable, sises aux courtils (Nom régional picard, comme
courtillot : jardin attenant à la maison) du Plessier à l'abbaye de Froidmont.
Au XIVéme siècle, en 1327, le Plessier Billebaut était aux mains du sire
Renaud de Trie, Comte de Dammartin et consistait comme fief en 10 muids de terre, 2 muids
d'avoine, 1 arpent de vignes (1 arpent = 35 ares), des cens et redevances. Il s'étendait
sur Thury et Auvillers.
En 1352, le sire Renaud de Trie, dit Patrouillard, était homme fieffé du Comte de
Clermont au Plessis Billebaut. Ses armoiries étaient "d'or à bande componée
d'argent et d'azur, une merlette de sable au côté senestre de l'écu".
La famille de Trie s'éteignit en 1410.
En 1265, un nommé Robert Faillolet,
habitant du Plessis Billebaut vend aux religieux de Froidmont 2 pièces de terre.
Par lettre datée de Pont Sainte Maxence, en novembre 1286, Robert comte de Clermont
donne à Pierre de Choisel et à ses pairs, 1 arpent de masure au Plessis Billebaut.
Raoul de la Tournelle d'Hondainville tenait aussi du comte au XIIéme siècle,
6 arpents de terre au Plessis Billebaut et il en dépendait un arrière fief ; Jean et
Thomas d'Hondainville ont cédé en 1264, 38 arpents de bois à l'Abbaye de Froidmont.
En 1373, un cens était dû au comte de Clermont pour la maison Jehan de Saint Leu au
Plessis Billebaut.
Le surplus du hameau qui continua à s'appeler "Le Plessier" au moins jusqu'au
XVéme siècle, était possédé en 1264 par la famille de Hez. Jean de Hez,
écuyer, fils d'Eustache de Hez, jadis chevalier, vendit en janvier 1264 ou 1263, aux
religieux de Froidmont, son manoir situé dans le village du Plessier et 32 arpents de
bois tenant à la forêt et 87 mines de terre, moyennant 524 livres. En 1265, il vendit de
nouveau 19 arpents de bois et 9 mines de terre aux mêmes religieux. Cette vente fut
confirmée par Anseau de Hez "damoisel" frère de Jean.
Dans le dénombrement de 1373 (comte de Luçay) il est spécifié "l'Abbaye de
Froidmont tient dans le comté de Clermont la maison du Plessier".
Une ferme avec chapelle dédiée à Saint Nicaise, 226 mines de terre, 44 arpents de bois
et la seigneurie de ces terres.
Roger de Fourneaux tenait du comte une maison et un pourpris (enceinte, clos) au Plessier
en Hez et, en 1352, les héritiers de ce Roger étaient fieffés du comte au même lieu.
En 1500, les fiefs du
Plessis-Bilbaut se trouvent réunis au domaine royal par confiscation à la suite de la
trahison du Duc de Bourbon. Vers 1503, ils furent relevés par Claude Raoulin, écuyer,
Seigneur de la Grange.
Le
Plessis-Billebaut suivit alors les vicissitudes du Comté de Clermont, passant de main en
main.
Au commencement du XVIIéme siècle, Henri du Plessis, Marquis de Richelieu,
s'en rendit acquéreur. Il avait épousé Marguerite Gugot des Charmeaux dame d'Ansacq. A
sa mort, son frère, le cardinal de Richelieu hérite d'Ansacq et constitue avec ses
terres du Beauvaisis dont le Plessis Billebaut une dot pour sa nièce Claire Clémence de
Mailli Brézé, princesse de Condé. Un arrangement de famille fit passer le Plessis
Billebaut à Armande de Bourbon Conti le 25 mars 1651 dont l'arrière petit-fils le vendit
le 7 octobre à Monsieur, frère du roi, comte de Provence.
En 1789, le Plessis Billebaut appartient encore au comte de Provence.